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Grand entête

MARION COSTENTIN 

artiste sorcière

EN EREBOS PHOS 

in darkness, light

Marion Costentin est une jeune artiste à l'oeuvre variée, mais toujours sombre. Son travail est si émotionnel et intense qu'il vous met face à vos propres questionnements, il ne vous laisse pas le choix, pas de porte de sortie. Impossible de se dérober et de ne pas rester scotché devant l’abysse de ces sentiments dépeints, impossible de ne pas sombrer en pensée dans ces memento mori envoûtants. Pas de panique pourtant, là où il y a l’ombre, il y a toujours la lumière.

La première chose qui peut frapper, quand on regarde ton oeuvre, c’est sa noirceur, particulièrement dans tes anciens travaux. Tu dépeins un monde hanté, noir, presque mort. Pourquoi as-tu fait ce choix en tant qu’artiste ?

 

Marion Costentin : Je suis partie en vrille il y a des années et je me suis passionnée pour le morbide. J’avais atteint un tel degré d’aliénation avec moi-même que ces mondes-là m’étaient devenus complètement familiers et sécurisants. Il y a 5 ans j’ai vécu un traumatisme qui a déclenché mon éveil spirituel. J’ai peu à peu délaissé le morbide mais le noir est resté et continue de me hanter. J’ai fini par comprendre qu’il faisait partie de moi et qu’au lieu de le fuir je devais l’explorer et l’apprivoiser. Une âme torturée est une belle âme au fort potentiel d’évolution. Notre part d’ombre est tout autant nous que notre part de lumière et on ne peut pas se réaliser en ignorant l’une des deux.

Tu as réalisé quelque autoportraits, quelle relation as-tu avec ces oeuvres là en particulier ? Qu’est ce que ça fait de voir son propre visage dessiné par soi-même ?

 

MC : Je suis obsédée par la connaissance de soi, je m’auto-analyse constamment. Du coup me représenter est très naturel. J’aime les femmes qui prennent leur douleur à bras-le-corps et la subliment, l’expriment avec fierté et se servent de leur propre image pour obliger les gens à les regarder dans les yeux. Quand on met les gens mal à l’aise c’est qu’on a touché une vérité logée en eux, qu’ils refusent d’admettre. Une oeuvre d’art est une plateforme d’échange entre les inconscients. Si elle ne remplit pas cette condition, pour moi elle ne sert à rien. 

Les prix de tes oeuvres restent plutôt accessibles par rapport à ce qui peut se faire ailleurs. Est-ce quelque chose qui est important pour toi ?

 

MC : Quand c’est possible, oui. J’ai des collectionneurs très aisés, et d’autres en galère. J’ai choisi d’avoir toujours une sélection d’oeuvres pas trop chères à disposition donc j’ai lancé un deuxième shop en plus de mon portfolio sur Saatchi Art. Je suis quelqu’un d’assez simple et le monde de l’art m’effraie, heureusement il est en train de changer. On sort du modèle élitiste et prétentieux, on n’a plus besoin d’être riche pour avoir des originaux chez soi. Évidemment j’ai envie d’avoir beaucoup de succès et de trouver un certain confort mais l’un n’empêche pas l’autre. 

Quelle place occupe la spiritualité dans ton oeuvre ?

 

MC : L’acte de création est par définition un acte spirituel mais je n’ai pas encore trouvé mon point d’équilibre, en partie parce que je crains le regard des gens sur mon expérience et ça me freine. J’ai un grand besoin d’authenticité et je trouve vraiment difficile de trouver ma propre voix. Mes projets avortent parce que j’évolue plus vite qu’eux et ils deviennent obsolètes avant que j’aie terminé. C’est frustrant. Je commence à peine à comprendre qui je suis, ça prendra du temps. Au moins je sais que je dois utiliser mes talents pour déclencher des prises de conscience et des mécanismes de guérison chez les autres. J’ai peu de contrôle sur la façon dont ça s’opère en eux parce que j’ai peu de contrôle sur ce qui ressort de mon inconscient. Mon travail reflète mes tourments personnels et ma propre évolution, il évoque des peurs ancrées, des traumatismes, la douleur d’être coincée dans un corps physique, la mortalité, et un lien fort avec la nature. Ce sont des choses qu’on ressent tous, qu’on en soit conscient ou pas. Quelque part j’espère qu’en regardant mon travail il va se passer quelque chose en eux. 

Depuis peu, tu t’es pourtant mise à la couleur. Quelle est la raison d’un tel changement esthétique ?

 

MC: Bien que je le poursuive il arrive que le noir me pèse et alors j’ai une réaction de résistance. Quand je me jette sur mes couleurs c’est souvent le signe que quelque chose tente de faire surface en moi et que je l’en empêche. Sauf quand je fais du bleu, avec lequel j’ai un rapport différent, très apaisé. Je commence à m’intéresser au rose. Mais je reviens toujours au noir parce que j’ai établi une relation d’amour avec ma propre abysse et je n’ai plus peur d’y plonger. 

"il arrive que le noir me pèse et alors j’ai une réaction de résistance"

Depuis quelques temps, tu réalises beaucoup de corps de femmes. Cela a-t-il un sens particulier pour toi, par rapport au climat actuel ?

 

 

MC : J’ai beaucoup d’affection pour la figure féminine que je pourrais dessiner à l’infini. Je crois en effet que le climat actuel m’affecte et m’encourage à prendre possession de mon corps et à m’affirmer. La femme c’est la création, la mère de toutes choses, c’est un symbole d’abondance et de profondeur. Évidemment je m’y retrouve et j’ai mon mot à dire.

En plus d'être artiste, tu es également la partenaire d’un musicien. Quelle relation entretiens-tu avec la figure de la muse ?

 

MC : Je me retrouve dans ce rôle, mais pas au sens poétique qu’on peut lui prêter. Disons que je sers de catalyseur. Il y a un effet miroir dans notre relation. Le rôle d’une muse est d’aider l’artiste à se connecter avec ce qui vit en lui, pour en faire quelque chose qui lui ressemble. C’est ce qu’on fait l’un pour l’autre, sans faire exprès. Je ne crois pas à l’inspiration, c’est pas un truc qui flotte dans l’air et qui frappe soudainement. C’est toujours en nous.

Que penses-tu de la figure de la sorcière, que ce soit d’une manière spirituelle mais aussi comme figure émancipatrice pour les femmes ?

 

MC : Elle englobe toutes les caractéristiques du principe féminin, et comme nous sommes en plein réveil la figure de la sorcière est très populaire. Je me réjouis que les femmes se rassemblent derrière cette identité qui réunit des thèmes majeurs : l’affirmation de soi, la force dans la douceur, la sagesse du coeur, la manipulation des énergies, le culte de la nature. Autant de concepts essentiels si on veut rétablir des relations harmonieuses sur terre. Les femmes ont un rôle important. Elles sont capables de se comprendre et se ressentir les unes les autres. Elles sont intuitives, connectées, profondes. Quand on se sera débarrassé des réflexes de compétition, quand on cessera de se sentir menacée par la beauté d’une autre alors on pourra vraiment avancer. On y arrive, en tout cas dans les communautés spirituelles c’est l’ambiance qui domine : amour et appréciation mutuelles. Avec nous les sorcières, en tête de cortège.

Suivez Marion Costentin sur Instagram 

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Le lien vers son shop ici

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Toutes les images présentes sur cette page sont des oeuvres de Marion Costentin. 

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