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NICO : THE MOON GODDESS

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NICO EST UNE ARTISTE À LA FOIS TRÈS CONNUE ET COMPLÈTEMENT MÉCONNUE. LE PUBLIC ET LES MÉDIAS, S'ILS ONT BIEN EN MÉMOIRE LES ANNÉES WARHOL, FACTORY ET THE VELVET UNDERGROUND, CONNAISSENT ENCORE PEU LES 25 ANNÉES SUIVANTES DE LA CARRIÈRE DE NICO, JUSQU'À SA MORT EN 1988. NICO EST POURTANT PROBABLEMENT L'UNE DES ARTISTES LES PLUS INTÉRESSANTES DE SA GÉNÉRATION, ET DES AUTRES AUSSI.

GARANTI SANS SEXISME

SOURCES :

 

Livres

Nico, The Life and Lies of an Icon - Richard Witts (en anglais)

Nico, Femme Fatale - Serge Feray

 

Documentaire

Nico Icon - Susanne Ofteringer

Cette vidéo est un portrait analytique de la musicienne Nico, de sa carrière et de son oeuvre.

TEXTE DE LA VIDÉO

1 CHRISTA

 

Christa Päffgen est née de 16 Octobre 1938 à Cologne, en Allemagne et son histoire commence mal. La famille de son père, Wilhem Päffgen, est une dynastie de riches brasseurs, et n’approuve pas son mariage. Elle le force à divorcer de sa mère alors qu’elle est enceinte, pour que ni elle ni son enfant ne puissent réclamer une part de la fortune. Christa n’a donc jamais connu son père, qui s’est ensuite engagé dans la Wehrmacht, et qui mourra pendant la guerre. Selon la version la plus crédible, et celle qui est retenue par les biographes, il est blessé au combat, et sera exécuté par les nazis, qui ne s’embrassaient pas de soldats handicapés qui coûtaient cher. Elle sera donc élevée par sa mère seule, Margarete Päffgen. 

La guerre éclate avant qu’elle n'ait 1 an, et à l’âge de deux ans, sa mère et elle déménagent près de Berlin chez son grand-père pour fuir les bombardements. Dans la biographie de Serge Feray on peut lire que Christa s’enthousiasmait pour « ces beaux feux d’artifices ».

 

Ensuite, en 1946, sa mère et elle déménagent à Berlin pour rejoindre sa tante Helma. A l’âge de onze ans elle rêve d’être danseuse étoile. A 13 ans, elle est violée par un sergent noir américain. Le soldat passe en cour martiale, et est condamné et exécuté grâce au témoignage de Christa et d’autres jeunes filles victimes. Richard Witts, un des biographes de Nico, ne trouvera aucune trace de ce procès dans les archives de l’armée américaine. Il est difficile de savoir si cette histoire est sortie de l’imagination de Nico, qui, on le sait, avait un certain penchant pour la mythomanie, ou si cette histoire a été étouffée par l’armée américaine, comme le rapporte Serge Feray.  En tout cas , elle se servira de cette histoire pour justifier son racisme. 13 ans est également l’âge où elle quitte l’école. 

A 15 ou 16 ans elle est repérée pour être mannequin et commence sa carrière. Elle voyage beaucoup et apprend à parler de nombreuses langues, dont l’Anglais et le Français.

 

En 1960, elle joue dans la Dolce Vita de Fellini. Elle avait été invitée sur le plateau, et Fellini lui a offert de jouer son propre rôle dans le film.

En 1962, donc à 24 ans, elle donne naissance à son fils, Ari. Elle a eu une aventure avec Alain Delon, et lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte, elle dit à ses amis qu’ils vont se marier ensemble et élever l'enfant. C’était sans compter sur Delon, qui refusera complètement de reconnaître la paternité et d’avoir quoi que ce soit à faire avec cet enfant. Il aurait même dit plus tard, emprunt de toute la classe qu’on lui connaît, que Nico et lui avaient participé à une partouze une fois, et que c’est pour ça qu’elle pensait être enceinte de lui. Cette phrase est impossible à sourcer fiablement, donc elle reste à nuancer. Ari a été élevé par sa mère les premières années de sa vie, puis par la mère d’Alain Delon, Edith Boulogne, d’où le nom qu’on lui connaît, Ari Boulogne, même s’il préfère Ari Päffgen qui est son nom de naissance. Cela vaudra d’ailleurs à Edith Boulogne de perdre contact avec son fils, qui, puisqu’il nie la paternité (et refuse les tests ADN), tente d’empêcher sa mère de s’occuper de l’enfant. Ari ne perd pour autant pas complètement contact avec sa mère et la rejoint à l’adolescence. 

 

 

Nico détestait être mannequin, elle cherche donc à se reconvertir en chanteuse. 

En 1965 elle sort un single « I'm not saying », accompagné d’un clip. On voit déjà ici les prémices de ce que deviendra Nico. A l’époque où la plupart des femmes portent des minijupes dans les clips, Nico apparaît vêtue d’une jupe au genou et d’un haut noir à manches longues, une tenue assez austère pour le milieu des années soixante.

Elle intègre la Factory d’Andy Warhol peu après, puis est choisie pour servir de chanteuse au tout nouveau groupe The Velvet Underground que Warhol veut manager.

En 1967 sort l’album The Velvet Underground and Nico du groupe éponyme. 

Elle démarre directement après sa carrière de musicienne solo , durant laquelle elle sortira 4 albums :

Chelsea Girl, 1967, qu’elle n’a pas composé, puis

The Marble Index, 1968

Desertshore, 1970

The End, 1974

The Drama of Exile, 1981

Camera Obscura, 1885

Elle enchaîne les concerts en solo ou en groupe durant toutes ses années.

Parfois pauvre et souvent héroïnomane, Nico meurt à Ibiza en 1988, 2 ans après avoir commencé son sevrage à la Méthadone. Elle était partie en vélo et est tombée, se blessant à la tête. Il n’est pas clair si elle est morte de ce choc ou d’une insolation, ou même si c’est une insolation qui l’a fait chuter en premier lieu.

3 THE MOON GODDESS 

 

Il est clair que Nico n’est devenue elle-même qu’à partir du moment où elle a changé son apparence, épousé l’austérité à laquelle elle aspirait et créé pour exister. 

Mais avant ça, son parcours musical a été un peu compliqué, et ça a commencé par la façon dont elle a été admise dans The Velvet Underground. Warhol voulait en quelque sorte manager le groupe, et Paul Morrissey, un proche de la factory, lui a proposé Nico. Morrissey trouvait que le chanteur, Lou Reed donc, n’était pas assez charismatique et n’avait aucune personnalité (un vrai visionnaire, donc…) Il lui propose donc, ouvrez les guillemets « la plus belle fille du monde ». C’est très clair, il n'était pas question de musique, et ce n’est pas pour son talent ou pour sa voix que Nico a été choisie. D’ailleurs, quand ils ont écouté son premier enregistrement, ils l’ont trouvé seulement 'pas mal'. La voix de Nico, et sa façon de chanter très froide et pas très féminine ne plaisait pas à la plupart des gens. Ils ont essayé de lui apprendre à chanter autrement, mais ça n’a pas fonctionné. Lou Reed a tout de suite été hostile à Nico, et a refusé qu’elle s’intègre pleinement au groupe, d’où The Velvet Underground 'and Nico’. Le nom de Nico non seulement est-il à part, mais il en vient en dernier. Nico dira « C’est parce que j’étais la fille ». Finalement Nico ne chantera que sur 3 pistes du mythique album, qu’elle n’a ni écrites ni composées. Elle expliquera « je croyais que les hommes écrivaient des chansons et les femmes les chantaient ». 

C’est plus ou moins la même chose pour l’album Chelsea Girl, même si celui-ci sort sous son nom à elle uniquement, elle chante les compositions des autres. 

 

Nico se met à composer ses propres chansons à partir de l’album The Marble Index sorti en 1969, sous l’impulsion de Jim Morrison qui lui a dit d’écrire des chansons, alors qu’elle ne s’en croyait pas capable. C’est à ce moment que Nico se réalise vraiment, elle créé pour exister, selon ses dires et, donc, elle existe enfin. Suivront Desertshore, The End et The Drama of Exile. Il y a bien sûr des collaborations sur ces albums, notamment avec John Cale du Velvet, duquel elle semble être restée assez proche, mais il faut rappeler que les hommes aussi font des collaborations sur leurs albums, rares sont ceux qui jouent tous les instruments. Ce n’est pas parce qu’elle a collaboré qu’elle ne les a pas composés, ou que son apport a été moindre, comme on a souvent tendance à le penser lorsqu’ils s’agit de femmes musiciennes. 

 

La voix de Nico est grave, souvent qualifiée de sépulcrale, austère. Elle ne cherche pas à rendre son chant plus mélodique, ni à rendre sa voix plus aigüe, ce qui serait plus en accord avec l’idée de féminité. Sa voix est franche et directe, avec assez peu de vibrato, et peu d’effets vocaux. Ca lui permet de ne pas être du tout dans le registre de la séduction mais aussi de mettre en valeur le texte. Nico use beaucoup des mélismes (c’est lorsqu’une seule syllabe comporte plusieurs notes) ce qui fait réellement résonner le texte. Elle se délecte littéralement de chaque syllabe. Si vous voulez vous rendre compte des mélismes, je vous conseille la chanson Janitor of Lunacy, qui, au passage, est celle que je préfère. Elle écrit comme une poète, préférant parfois la rime au sens, joue avec les mots, et ce quelque que soit la langue dans laquelle elle écrit, allemand, anglais ou français. Ses textes sont truffés de jeux de mots, de non-sens parfois, ou de sens cachés qu’on ne saurait déchiffrer. Elle joue également avec son accent allemand, qui change le sens des mots en anglais. Son travail de parolière est passionnant et érudit. 

 

Sa musique également est érudite et austère, assez difficile d’accès, tout sauf séduisante. Ses influences sont quasiment impossibles à reconnaître, et le genre de sa musique est indéfinissable. C’est dramatique et sombre, elle prend des libertés avec le rythme, ce qui créé un souffle, une attente. L’harmonium, qui est une sorte d’orgue, est au centre de sa musique et n'arrange rien à l’affaire, donnant des accents fantômatiques et éthérés à ses chansons, qui évoquent des messes païennes. D’où, probablement, son surnom de Moon Goddess. S’il y a un mot à retenir de la musique de Nico, c’est qu’elle est sombre, et pour le reste, je vous laisse découvrir ça par vous-même, c’est encore la meilleure façon de se faire une idée. J’ai une inclination particulière pour Desertshore, qui est pour moi un chef d’oeuvre absolu. 

 

On dit que Nico a été la première femme de la scène rock à se produire seule sur scène, même si c’est difficile à vérifier. Elle se produisait souvent seule avec son harmonium, ce qui, effectivement, ne devait pas être très courant. Elle devait faire face à un public souvent hostile parce qu’elle était une femme, mais aussi parce que ce n’était pas la dernière pour raconter n’importe quoi et provoquer gratuitement, comme en diffusant l’hymne allemand comprenant les couplets nationalistes qui ont été évincés après 1945. A propos de sa chanson Afraid, qui est sur l’album Desertshore, et dont les paroles disent « Cesse de savoir, de dire, ou de voir, cesse de t’appartenir à toi-même, Prends la volonté d’un autre pour la tienne », elle dira en la jouant en concert que ce n’est pas une chanson pour la libération des femmes. Alors qu’on sait Nico consciente des difficultés qu’elle a vécues parce qu’elle est une femme, cette phrase montre soit qu’elle refusait d’être associée au féminisme, ou simplement qu’elle aimait dire n'importe quoi pour faire chier. Tout ça ne l’a pas empêchée de tourner en concerts pendant de nombreuses années. 

... The evening tall "
Extrait de "My Only Child", Desertshore

2 NICO 

 

Christa Päffgen est devenue Nico alors qu’elle était mannequin en 1956. Le photographe Herbet Tobias lui a dit qu’elle ne pouvait pas continuer à s’appeler Christa Päffgen, que ça ne lui correspondait pas, et qu’il avait un nom pour elle qu’elle devrait utiliser à partir de maintenant. Que l’homme le plus merveilleux qu’il avait connu, et dont il était amoureux s’appelait Nico Papatakis. C’est comme ça que Christa a été baptisée Nico, portant à la fois le fardeau et le nom d’un autre homme que Tobias aimait. Richard Witts dans sa biographie écrit que Tobias avait créé un substitut de Nico, aussi intouchable pour lui que le vrai, mais que celui-ci était à sa disposition. 

 

Nico n’avait que 18 ans, et on peut facilement comprendre le fardeau qu’a dû être ce nom pour elle. Déjà, ça lui fait porter en elle le symbole d’un amour qui ne la concerne pas. Elle est niée par ce baptême, elle devient un substitut de ce Nico lointain. Il y a Nico Papatakis et Herbert Tobias, mais elle n’existe pas. Tobias ne lui a pas donné un nom à elle, il en a fait une sorte d’effigie. Le nom étant le symbole même de l’identité, ce baptême sera probablement un élément clé de sa construction. Ses proches disent qu’elle n’aimait pas ce nom, mais pourtant elle l’a porté toute sa vie et ne semble pas avoir tenté de le changer à aucun moment : tous ses albums sont signés Nico. Finalement, le nom Nico a probablement été à la fois un fardeau, une négation de son identité et de son existence même, mais aussi une libération. Libérée du fardeau Päffgen qu’elle a longtemps tenté de cacher, elle pouvait désormais devenir qui elle voulait. 

Cette version, retenue par les biographes de Nico, et la plus vraisemblable, n’est pourtant pas la seule que Nico ait donnée : elle a dit qu’elle vivait à Ibiza et qu’un photographe dont le meilleur ami, Nico, avait disparu après une bagarre. Le photographe avait donc commencé à l’appeler Nico et ça lui avait plu donc c’était resté (ce qui est la version la plus proche de la réalité), ou que son nom entier était Nico Pavlovsky mais que personne n’arrivait à orthographier Pavlovsky, que Nico était un anagramme de Icon et que Salvador Dali lui avait donné ce nom pour cette raison, ou encore qu’elle avait travaillé avec Coco Chanel qui était lesbienne, et comme Chanel avait un surnom bizarre, Coco, elle donnait à ses mannequins des noms de garçons, et lui avait proposé « Nico » après avoir eu une aventure avec elle. 

 

Je l’ai mentionné plus tôt et c’est clair au regard de cette anecdote, Nico avait un sacré penchant pour les mensonges. Dans la première partie, je vous ai d’ailleurs livré la version retenue par les biographes Richard Witts et Serge Feray, car c’est ce qui m’a semblé le plus fiable. Pourtant il existe plusieurs versions pour presque chaque points de sa biographie, jusqu’à sa date de naissance ou son nom de famille. Elle a dit être née en 39, 42, 43 45, a changé plusieurs fois l’orthographe de son nom, a dit que nom était Pavlovsky et s’est inventé des origines russes, polonaises ou turques : Pourtant elle était simplement allemande.  

 

Une explication possible à tous ces mensonges serait qu'elle a cherché à cacher ses origines nazies, son père ayant été dans la Wehrmacht et sa mère ne trouvant visiblement pas grand chose à redire à ce régime. Son fils Ari rapporte que le père de Nico était un ami de Gandhi et qu’il était opiomane, que du coup Nico était née opiomane ce qui explique ses addictions futures, et qu’il avait été exécuté par les nazis. Cette version est peu crédible. Aussi, le fait de dire que son père a été exécuté par les nazis a pour effet de le faire pencher du bon côté de l'histoire, si l’on omet de préciser qu’il était dans l’armée nazie lui-même. Il en est de même pour toutes les différentes origines qu’elle s’est inventées. Aussi, Nico a appelé son fils Aaron, qui est un nom juif. Ari dit lui même que c’est peut-être aussi pour se laver des soupçons et de cette histoire qui l’embrassait. Ses origines plus ou moins nazies la dérangeaient, même si ça ne l’empêchait pas d’avoir des propos racistes ou antisémites. Nico n'était pas à une contradiction près. 

 

L’explication du fardeau nazi tient pour les mensonges ou approximations qui concernent sa naissance et ses origines, mais n’en explique pas l’intégralité. Elle disait qu’elle mentait pour tromper. «  I lie to deceive » Je pense surtout que Nico aimait se jouer de ses interlocuteurs autant que de s'inventer des vies et des histoires. Elle voulait être qui elle voulait, et en a pris la liberté. Elle ne s’embrassait pas de conventions sociales selon lesquelles la vérité est une valeur absolue, une fin en soi, ou une nécessité. Elle était maîtresse de sa vie virtuelle, à défaut de sa vie réelle. Nico avait un esprit libre, était à part. Tous ses proches interviewés dans le documentaire Nico Icon donnent une bonne idée de ce qu’elle était. Libre, étrange, inaccessible, imprévisible. Elle parlait très peu, et mentait plus ou moins dès qu’elle ouvrait la bouche. Ce n’est donc pas étonnant qu’elle prenne autant de liberté avec la vérité, et préfère les histoires qu’elle invente aux vraies histoires. D’ailleurs, elle ne cherchait pas à être crédible, puisqu’elle se contredisait tout le temps. Peu importe que les gens sachent qu’elle mentait, tant qu’ils ne savaient pas la vérité. En mentant, elle détournait leur attention. 

 

L’apparence de Nico, c’est un sujet qu’il faut traiter avec délicatesse, et ne pas sombrer dans les louanges pompeuses de sa beauté et de son physique. Elle aurait probablement détesté ça, d’ailleurs. Nico semble coincée, aujourd’hui encore 28 ans après sa mort, par ce physique qui visiblement lui pesait, par cette légende de star des sixties et d’égérie d’Andy Warhol, qui invisibilise tout le reste. Pourtant, Nico a tenté, vigoureusement, d’effacer ça. Son ami Nico Papatakis (ils ont fini par se rencontrer en 59 et vivre ensemble pendant 2 ans, ironie du destin) dit qu’elle détestait être mannequin. Quand elle a commencé sa carrière solo, Nico a changé radicalement d’apparence. Elle s’est teint les cheveux, en rouge ou en brun, s’habillait de grandes capes informes et ne portait plus que du noir. En faisant ça, elle envoie un message fort, elle gomme toute séduction, selon ses codes traditionnels en tout cas. Autour d’elle, les gens lui disent que c’est horrible et qu’elle est affreuse : ça la fait rire. Un peu plus vieille, un de ses amis dira qu’elle aimait avoir les dents abîmées, les cheveux gris et des cicatrices d’héroïne, que c’était son esthétique. D’une manière générale, Nico détestait qu’on la trouve belle. Et malgré ça, aujourd’hui encore, on ne parle presque que du physique de Nico, l’érigeant au rang d’égérie superstar, faisant d’elle une légende du NY des 60’s, un top model. La presse, et le public aussi, en ont fait une icône pop. Nico était peut-être une icône, mais certainement pas pop. On n’a toujours pas compris Nico. 

4 MÜTTERLEIN

 

Et que reste-t-il de Nico aujourd’hui ? Nico est citée dans les influences de nombreux musiciens et musiciennes, mais il est difficile de savoir si ceux-ci rendent hommage à la superstar du Velvet ou à Nico la créatrice austère. Etant donné la légitimité et la valorisation hallucinante dont bénéficie le Velvet encore aujourd’hui, ce n’est pas étonnant de retrouver Nico en influence, c’est à la mode. Mais peu de musiciens ou musiciennes utilisent des codes musicaux identifiables comme étant influencés par la musique que Nico a composée. 

 

Le seul groupe que je connais qui utilise un harmonium, c’est The Blue Angel Lounge. Mais il faut dire que leur nom est inspiré d’un club dans lequel a joué Nico, leur musique est très très largement influencé par celle de Nico, ils ont même appelé une de leurs chansons Desertshore. 

A regarder les reprises qui ont été faites de Nico, la grand majorité étant des chansons qu'elle chantait avec le Velvet ou des morceaux de l’album Chelsea Girl. Cependant Broadcast a repris Sixty Forty de l’album Drama of Exile et Soap and Skin Janitor of Lunacy de Desertshore.

 

Ca ne veut pas dire qu’il n’y a pas de groupes influencés par sa musique à elle, juste qu’il y en a beaucoup moins. C’est dommage, parce que si les chansons du Velvet Underground sont très bien, le travail postérieur de Nico n’en est pas moins intéressant, bien au contraire, puisqu’il lui a été beaucoup plus personnel et sincère. 

Pour ce qui est des chansons au sujet de Nico, Marianne Faithfull a écrit une chanson qui s’appelle Song for Nico dans laquelle elle traite Alain Delon de cunt, « con » en français, et The Warlocks ont également écrit une chanson qui s’appelle Song for Nico, mais dont les paroles ne permettent pas de savoir s’il s’agit de la musicienne.

Elle apparaît également sur un artwork du groupe The Black Angels. 

Je n’exclue cependant pas l’idée que son influence, si elle est existe, soit inaudible. On peut être influencé par une musicienne, mais que cela ne s’entende énormément dans notre travail. N’en reste pas moins que son travail solo est toujours plus invisibilisé que ce qu’elle a fait avant. 

 

En conclusion, si Nico a une histoire, une carrière et une personnalité hors du commun, elle est passée par les mêmes étapes et difficultés que la plupart des musiciennes. Elle a souvent réalisé son identité au travers des hommes, que ce soit Tobias qui lui a donné son nom, Warhol qui l’a faite connaître, le Velvet Underground qui lui a permis d’être musicienne, Jim Morrison qui lui a permis de créer. C’est peut-être là le seul moyen qu’elle avait à disposition pour la mener jusqu’à sa réalisation en tant que créatrice. Ca n’enlève rien à ce qu’elle était en tant que femme ou en tant que musicienne. Elle s’est appuyée sur des hommes, et ç’a a été une stratégie payante. Avec cette vidéo, vous l’aurez compris j’espère, Nico n'était pas l'égérie d’Andy Warhol, Nico était une artiste, musicienne, instrumentiste et compositrice accomplie et intéressante, un peu étrange aussi. 

Là c'est quand Nico juge mon travail 
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IAMNOTAMUSE(D)

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